Après la rupture des négociations entre la Grèce et ses créanciers, la menace du Grexit devient de plus en plus une possibilité crédible. Le Bureau national du PS a organisé hier un échange de vues à ce sujet afin de définir une parole commune aux socialistes français sur le sujet. Présent lors de cette réunion, j'ai tenu à souligner l'urgence de redresser le cap de l'Europe.
En effet, je pense qu'il ne faut pas se voiler la face : l'Union européenne est en danger. Elle fait même face à la pire crise politique de son histoire.
D'abord car si le Grexit se confirme, les conséquences sont pour l'instant inconnues mais seront certainement graves pour nos économies. Le Mécanisme Européen pour la Stabilité et ses 750 milliards d'euros devraient normalement protéger l'économie française et européenne. Mais force est de constater que les bourses sont déjà en pleine ébullition à la suite de l'annonce du référendum grec : - 4,4% à Paris hier matin, - 3,8% à Francfort, - 2,2% à Londres...
La meilleure solution aujourd'hui serait un retour des autorités grecques autour de la table des négociations. Mais si cela se fait, il sera temps de changer de logiciel de pensée et d'apprendre de nos erreurs... Après les déclarations d'Olivier Blanchard, le chef économiste du FMI qui affirmait que l'austérité avait des répercussions plus négatives que positives, c'est son ancien directeur qui renfonce le clou : fournir de l'aide pour rembourser les créanciers uniquement n'est pas une bonne solution. La seule question qui vaille réellement c'est le rééchelonnement de la dette afin de la rendre enfin soutenable.
Mais c'est aussi une crise politique plus profonde qui guette l'Europe. L'Union européenne fait actuellement la preuve de son incapacité à apporter une réponse crédible aux crises qui la minent.
Que ce soit à propos de la Grèce ou à propos de la migration, aucune solution n'a été trouvée. Le conseil européen de jeudi dernier semble avoir acté une profonde fracture entre une Europe prête à faire de la politique et de la solidarité, et une autre qui considère notre continent avant tout comme un marché commun et le principe de solidarité comme secondaire.
Soyons conscients que la Grèce pourrait effectivement sortir de la zone euro, que la Grande Bretagne va tenir un référendum sur son appartenance à l'Union européenne hautement incertain mais aussi qu'un pays comme l'Italie risque de voir l'euroscepticisme se renforcer si aucune solution durable vis-à-vis de l'afflux de migrants n'est trouvée.
La nomination de Jacques Delors en tant que nommé citoyen d'honneur de l'Europe, après Jean Monnet et Helmut Kohl, doit être une piqûre de rappel pour nous progressistes européens : on ne peut pas célébrer ceux qui ont fait de l'Europe un grand projet politique et accepter qu'à côté nous acceptions de réduire ce projet à une Europe de comptable.
Le danger pour l'Europe est là : tout est en ordre de marche pour favoriser les ennemis de la construction européenne. Le Front National en tête qui se nourrit de ses deux ennemis : les migrants et l'Europe.
Il est urgent que les forces progressistes prennent leurs responsabilités pour donner une nouvelle impulsion à l'Europe.